e hais les infirmiers. Ils ne savent rien de ma souffrance et travaillent juste comme des machines. Ils ne voient pas qu'à l'intérieur j'ai mal, que je n'en peux plus. Non, eux ils préfèrent me forcer à aller à table alors que j'ai décidé de ne plus rien manger. Ils gèrent ma vie : mon levé, mes repas, les médocs. Et tous ces médocs, qu'est-ce que je prends au juste? C'est censé me sauver? Me bourrer de cachetons toute la journée. C'est ça soigner quelqu'un? Comme si comme par miracle ils allaient me donner envie de vivre. Faut arrêter de rêver. On nous drogue pour qu'on soit plus docile ici, moins de crise, moins de tentative de suicide... mais ici on est qu'une pardonne parmi tant d'autres. Quel intérêt on a pour eux à part être leur gagne-pain? Je les déteste. J'ai quand même le droit de vouloir rester dans ma chambre et de ne plus manger. Mais non, encore une fois ils décident pour moi. Je ne suis pas libre et j'espère au moins retrouver ma liberté dans le choix de ne plus manger. Là, ils ne pourront pas me forcer, c'est moi qui décide. Pourvu que je tienne. C'est mon dernier espoir pour être libre de mourir. Et ce téléphone qui n'arrête pas de sonner. Qu'on me laisse tranquille. Je vais décrocher pour dire quoi? « oui ça va, oui ça va... » et encore faire style que je suis une personne normale qui va bien ou « non, ça ne va pas, je veux mourir » pour que mes amis ne comprennent pas et soit égoïstes en me disant de ne pas le faire. « que vais-je devenir sans toi? », non, mais sérieux, ça veut dire quoi? Faut que je reste en vie, que je continue à souffrir pour son bien-être? Ou « ne fait pas de bêtise », mais merde, ce n'est pas une bêtise. Qui a décrété que lorsque l'on soufre et que notre vie sur terre devient impossible, que le suicide est une bêtise? Pourquoi forcément les autres auraient raison? Ne peuvent-ils pas se dire que ce n'est pas une bêtise mais bel et bien une délivrance? Pourquoi stagnent-ils sur leur point de vu? Pourquoi le mien serait-il forcément le faux? C'est la société qui a donné cette image au suicide, tout comme l'euthanasie. Vivre coute que coute, même si on est un légume, même si on ne supporte plus la douleur... non, il faut vivre!!pas de projet, pas d'envie, pas d'espoir, mais il faut vivre!! c'est de la torture. Je me regarde dans la glace, je ne vois rien. Qui est cette fille? Surement pas moi. L'âme de Daphné s'est envolée il y a bien longtemps pour laisser place à un corps. Je ne suis qu'un corps, au fond je suis déjà morte depuis longtemps. Plus rien ne vit à l'intérieur de moi à part de l'angoisse et du chagrin. Mentalement je suis déjà morte, il ne me reste que physiquement. Lorsque je m'éteindrais quelqu'un de mieux viendra au monde. Je me sens si fatiguée de vivre. Les parents de Romaric sont passés. Ils sont si gentils. Ils ont fait tant de choses merveilleuses dans leur vie, je les envie tant. Ils m'avaient presque donner le courage de me battre, de manger. Mais je ne dois pas craquer. Je ne dois pas me laisser influencer par les autres. Je n'ai rien mangé depuis hier soir, je dois tenir. NE PAS CRAQUER. Oui, ma vie pourrait être aussi belle que la leur, voyager, s'aimer, avoir des enfants merveilleux. J'y ai cru le temps qu'ils étaient là. Je me suis dit à un moment qu'il fallait que je me batte. Mais j'ai repris mes esprits, ma vie n'est pas la leur et ne le sera jamais. Si je ne meurs pas je vais continuer à souffrir. Ce n'est qu'illusoire de croire qu'un jour je pourrais être heureuse, je ne dois pas me rattacher à cette idée car je vais de nouveau souffrir. Je dois aller au bout. J'ai tant lutté toutes ces années, je n'ai plus de capital de force pour continuer, j'ai tout donné. Si me bats aujourd'hui, de toute façon ma destiné est de mourir et je mettrais fin à ma vie un jour ou l'autre. Bien sure mes amis me manqueront, j'ai des amis tellement super, cela doit être la chance que j'ai dans ma vie : d'avoir rencontré des personnes extraordinaires. Mais elles sont si extraordinaires qu'elles se remettront de ma mort, elles sont fortes et bien entourées. Ce qui m'inquiète le plus c'est mon petit papa et ma petite maman. Je suis fille unique. J'espère qu'ils seront assez forts et entourés pour surpasser cette étape, en sachant que c'est le mieux pour moi. Ils ne doivent pas se laisser aller et continuer de vivre leur vie. Je disais que je n'avais rien pour moi, mais je crois que je me suis trompée. J'ai le don de sentir ce que les gens dégagent, je ne sais pas comment ça s'appelle. J'ai rencontré Coralie à E-Laser contact. Quelque chose de si simple, de si vrai émanait d'elle et je suis allée vers elle. J'ai suivi cet instinct qui me parle. Ça se passe avec certaines personnes. Je les vois, et je ressens du bien-être à l'intérieur de moi à leur contact, je le ressens. Marco, mon cher Marco. Je le rencontre sur un lieu de travail où tout va mal et pourtant lorsque je le vois je ressens que c'est une personne extraordinaire je ne le connais pas, je ne sais rien de lui, mais au fond de moi je le sais. Dans ces moments là je fonce, des personnes rares comme ça ça ne e trouvent pas à chaque coin de rue. J'entame la conversation, lui propose un ciné et c'est désormais mon meilleur ami. Une personne si merveilleuse. Et Vanessa, je la vois, et perçois sa fragilité, sa bonté, sa générosité, il n'était pas question que je la laisse s'envoler comme de nombreuses personnes que j'ai pu croiser à des soirées. Et j'ai bien fait. Le meilleur c'est quand même Mathilde, jamais vu quasiment, jamais parlé mais quelque chose de si fort se dégage d'elle que je l'invite à manger. Et là encore mon instinct ne m'a pas trahit, qu'elle fille exceptionnelle. J'ai été au contact avec d'autres personnes comme ça, au culot, me laissant guider par la lumière qu'elles dégageaient et m'attirait tel un aimant.
Ça peut paraitre dingue mais je ressens ces choses, c'est réel. Et je ne me suis jamais trompée. Bien sure j'ai rencontré d'autres personnes extraordinaires sans passer par cette voie là : nelly, Pauline, Anne-so, marie, laéti, Émilie, éliane, cyrielle, Audrey, cindy, krystelle... des personnes formidables que le destin a mis sur ma route mais que je ne mérite pas. Odile, j'ai tout de suite sentie que cette fille n'était pas comme les autres, avec une sensibilité hyper développée, comme moi. Pourquoi ai-je ce don et comment m'en servir? Peut-être que je l'imagine même mais pourtant cela paraît si réel lorsque je suis en contact avec ces gens. Pour ma mort, ma chienne et mon chat s'en remettront, comme du départ de Gaby, et elles sont si bien avec mes parents. Pour revenir à mes amis, tous ces gens qui font tant pour moi, et moi je fais quoi pour eux? Je suis un boulet : je me plains, je suis jamais heureuse, rien ne va jamais et donc je ne parviens pas à être à leur écoute. Je ne les mérite pas. Mais qu'est-ce que je les aime!je crois qu'ils peuvent même pas imaginer à quel point je les aime. Je ne sais pas le montrer. Je suis bien entourée, par des gens extraordinaires, donc on peut se demander pourquoi je veux mettre fin à mes jours. Oui je suis aimée, sans doute, et oui je les aime du plus grand amour qui soi. Mais ce n'est pas moi que j'aime ni ma vie. Je rencontre ma voisine de chambre, en psychiatrie depuis 20 ans : boulimie, anorexie, tentative de suicide... et là je prends conscience de ma vie si je n'y mets pas fin maintenant. 20 ans encore de boulimie, de dépression, de tristesse, d'envie de mourir. IL N'EN EST PAS QUESTION. C'est vrai je dois faire un choix, prendre un risque : je ne sais pas ce qui m'attend. Je crois au destin, je crois en mon instinct, je fais le bon choix.
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