12 nov. 2010

03/01/2010

ça ne va pas. Il faut que je mange. Je le sais depuis plusieurs jours. Je quémande aux autres patients. Je me serre de leur gentillesse. Quiche en plus par ci, tarte en plus par là, bientôt chocolats qu'un patient va recevoir... il m'en faut toujours plus. J'ai du mal à écrire tant mes mains tremblent. Ma respiration est forte comme pour essayer de me calmer. Je ne pense qu'à manger. Je veux manger. Non, il faut que je mange. Il le faut!!! je tremble, ne me contrôle plus, j'ai mal à la tête et ça me fait tant souffrir à l'intérieur. Et je sais que cette souffrance ne partira que lorsque j'aurais mangé. C'est ma drogue. Je ne suis plus moi-même. L'extérieur n'existe plus. C'est comme si, si je ne mangeais pas, j'allais mourir de douleur et de mal-être. Je reviendrais sur ma crise de boulimie plus tard. On est le soir. Je croyais que dans ma tête ça allait mieux. J'avais des projets, des buts, le sourire, c'était 2010 et j'allais revivre. Ce soir les idées noires m'obsèdent de plus belles. Comment la dépression peut-elle nous faire passer d'un semblant de bonheur à une envie soudaine et irrésistible de mort? Je ne e sens pas bien, j'ai mal à l'intérieur, quelque chose me ronge, je dois me faire du mal à l'extérieur pour que cette douleur se calme. Je ne peux pas me tuer, ici rien à portée ne me le permet. Donc je dois ma scarifier. Ça m'obsède et e ne pense qu'à ça. Je ne vais pas embêter mes amis avec ça, ni le dire aux infirmières sinon je n'aurais pas le droit de sortir mercredi, or j'en ai trop besoin, pour voir tout le monde, me dépenser mais aussi manger. Je jette un coup d'œil dans ma chambre. J'essaie avec la clé de mon placard, ça ne rentre pas assez dans la chaire. J'essaie avec du plastic mais c'est le même problème. Je tente avec ma pince à épiler mais elle ne me fait que des égratignures. Je ne vais pas m'arrêter là. Je sais que si je fais ne bêtise d'ici mercredi je ne pourrais pas aller au basket mais c'est plus fort que moi, je ne contrôle plus ma tête, ni mon corps. Mon cerveau n'est devenu qu'un radar à objets coupant. Je pourrais aller demander de l'aide aux infirmières mais pourquoi? Encore avoir des gouttes? Mon mal-être sera toujours là. Je m'acharne avec mon bout de plastic à passer et repasser au même endroit, ça me fait mal mais ne me calme pas, je dois aller plus profond. Je tente avec des boucles d'oreilles, toujours rien. Je vais péter un câble. Je dois me faire du mal. Je pense souvent à mon écharpe. La serrer très fort jusqu'à m 'évanouir, ainsi je ne ressentirais plus de douleurs. J'ai essayé avec mon foulard. Plus je serre, moins j'ai d'oxygène, je n'entends plus les bruits extérieurs, seulement mon cœur qui bat dans ma tête. Plus je serre plus je ferme les yeux et plus je me sens bien. Mais au bout d'un moment mes mains lâchent. Est-ce un instinct de survie? Moi je veux que ça continu ce silence, ce bien-être. J'ai mal au poignet à force d'être passé 15 fois au même endroit mais toujours pas d'entailles assez grosses pour me calmer. J'essaie de nouveau le foulard. Je serre le plus possible. Et de nouveau je n'entends plus les bruits de l'extérieur, j'ai l'impression de ne pus être sur terre. Lorsque je relâche j'ai la tête qui tourne, je me sens apaisée. Il faudra que j'essaie à chaque fois que je suis stressée ou angoissée. Cette impression d'étouffer, de partir de ce monde, me fait un bien fou. Je continu à m'acharner avec cette foutu pince à épiler et bout en plastic. Je passe et repasse de toutes mes forces. Ça fait mal mais je dois le faire je me sentirais mieux après. J'ai beau fouiller je ne trouve rien d'autre donc e m'y remets. Malgré la douleur j'y mets toute ma force. Je suis un peu apaisée. Je vais me doucher.
« De temps en temps il faut se reposer de ne rien faire »
jean Cocteau

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